dimanche 27 juin 2010

Il voulait savoir


Quasi triste, quasi heureux,
Il traîne son boule et s’émeut.
Dans sa tête, en suspens, deux trois idées flottent.
Indomptable remous méninges où les neurones clapotent
Finalement peu de souvenirs à entretenir.
L’agréable douceur du contact commence déjà à s’évanouir.
Affection furtive sûrement maladroite
Echangée par deux corps dans une rue trop étroite
Encore une histoire avortée puisqu’impossible
Pourquoi y croire lorsque l’issue est prévisible
L’un des deux pèche et l’autre paume
Magie du cœur dégoupillé par un verre de rhum
Demain, dans ses yeux, les étoiles fileront
Et les pensées, elles, s’effilocheront
Une tête à l’envers pour trois paroles en l’air.
Est-ce si nécessaire d’avoir besoin de plaire ?
Un choix délicat pour une sensibilité intense.
Aurait-il dû la repousser et alimenter son ignorance ?
Il contemplera son histoire plus tard, sans regret.
Il lui fallait savoir, c’est le propre de l’homme, même inquiet.

Auteur : Ptit Manu

dimanche 20 juin 2010

Astres elliptiques

Des astres elliptiques accrochés aux illusions
Un sourire illumine cette face de lune
Ambre et vermeil sur les cœurs du passé
Des couleurs absurdes pour des âmes effacées
Des horizons égarés au sommet des dunes
Tous se retrouvent dans cette confusion

Une montée des sens aux reflets de futilité
Un regard qui trahit des intentions sincères
Des éclats grisés de camaraderie
Des festins quotidiens autour d'un plat de riz
Une plate vie dans laquelle on s'insère
Et chacun chacune joue les utilités

Un raz de marée de solutions toutes faites
Pour une foule absorbée par ces soleils
Des pauses multipliées à l'infini
Un grand soulagement du tout est fini
Des souvenirs à souhait qu'on balaye
De ces montagnes gravies faire une fête

Des illusions sur les lunes du passé
Dans la confusion des dunes effacées
Une sincère camaraderie aux allures de futilité
Quand dans un plat de riz s'insère l'utilité
Des solutions toutes faites naissent des soleils à l'infini
Après la fête on balaye et tout est fini

dimanche 13 juin 2010

Chapitre 1

D'abord le son d'un tambour au lointain
Le son d'un cœur, le son d'un peuple
Ensuite la brume qui, doucement, se dissipe
Le vent, la pluie, le temps qui court

Sur l'autre rive, d'autres chants
La sueur sur leur front, la peur aussi
En l'an de grâce 1321
S'en vont en guerre Tristan et Yvain

Tristan et Yvain se connaissent depuis leurs tendres enfances
Fils d'une seule mère mais de deux pères
Fils de chevaliers-rois, fils d'élus
Quand Yvain et d'autres furent partis
Certains pensaient tristement qu'ils ne reviendraient pas
Quand Tristan s'est retrouvé seul
Personne ne le regretta, amère sensation qui ne le quittera plus

Les pas se rapprochent, le ciel est rouge
Les lames affutées, les regards acérés
Cœur à cœur, sang pour sang
Et maintenant, opposés, camp contre camp
L'ont-ils décidé? l'ont-ils choisi?
Quand on a quinze printemps, sur qui peut-on compter
Sur son frère? Sur un choix?

Les cors sur chaque rive rivalisent de dextérité
les voix et les chants de brutalité
Yvain croit en son père, non à cette guerre
Tristan ne croit en rien, ni en lui ni en son destin
Seule, sans bruit, leur mère dans ses prières
Espère revoir maris et enfants parmi les leurs

Ainsi va la vie dans les Hautes Terres
En l'an de grâce 1321
Ainsi débute cette histoire
D'un autre lieu, d'un autre temps

Le soleil se lève, le dernier oiseau a cessé son chant
Le silence reprend ses droits, le vide s'étend
La bataille va commencer, la terre réclame son sang
Un dernier souffle et dans la gorge un arrière goût latent

mardi 8 juin 2010

Les jours meilleurs

Au fond de cette gare une bête murmure
Elle exulte en silence des bribes d'inconscience
Perdue dans ses reflets elle longe les murs
Elle invente de ses signes d'étranges sciences

Pour elle pas de vie aucun train ne s'arrête
Chacun trouve son wagon quand seule elle gronde
Des regrets des remords au tréfonds de la bête
Pas de paradis ni de place en ce monde

Des trésors cachés elle en a plein les yeux
De ses efforts vains elle les fait briller
En espérant qu'un jour il y aura du mieux
Cette main accueillante qu'elle a tant priée

Au fond de cette gare une bête s'oublie
Elle absorbe ces musiques venues d'ailleurs
Les rires sont rares pour cette âme affaiblie
Qui ne cesse de contempler des jours meilleurs

jeudi 3 juin 2010

une nuit chez Clint...

un soir comme un autre
la nuit continuait à verser
son flot de peur et d'histoires
où des gens se croisent
sans même s'en apercevoir

un soir comme les autres
où la serveuse du taudis du coin
se payait son salaire
salit par les yeux
de ses clients libidineux

un soir comme les autres
où un jeune flic
découvre son premier cadavre
rencontre ses premiers effrois
vomit son premier dégoût

un soir comme les autres
où un chien noir aboie
assis derrière la porte
de son maître qui l'a déjà oublié
de son maître qui ne l'a jamais aimé

un soir comme les autres
ou des intrus pour les uns
des dangers pour les autres
cherchent un coin pour dormir
et un moment pour rêver

un soir comme les autres
à Paris, à New-York
à New Dehli ou qu'importe
des rues, des ombres
des visages, des monstres

un soir comme les autres
des espoirs évanouis
des rires dissipés
des envies taries
et de la folie aussi

un soir comme les autres
au pays de la noire poésie
dans la ville, lente litanie
un blues s'épuise dans un dernier cri
vicié par une vie sans compromis

un soir comme les autres
un regard
un manteau
un chapeau
une cigarette...