mardi 24 avril 2012

dans quelques jours

j'me lève ce matin, un peu dans le pâté, un peu sur le coup, d'une bonne soirée, un peu gâchée, la douche m'appelle, la radio m'appelle, je branche l'un puis l'autre, je surgis de la brume, je suis dans le brouillard, le son est voilé, je ne reconnais plus le paysage, dont j'entends parler à travers ce poste, les lieux sont immuables, les êtres versatiles, ou est-ce mon environnement, comme un État en bruine, J'me sers mon express, bien pressé, bien noir, pas d'ostracisme pour l'éveil, dans un pays qui s'endort, le contraste est saisissant, éructations sur mes ondes, honteuses et à expulser, ma bouche est pâteuse, je la trouve étonnement légère, le plomb se situe ailleurs, la colombe s'est fait shootée, j'éteins la radio, je pose ma tasse, et je me demande quoi demander, dans la rue, à la croisée des regards, certains l'ont fait, au combiné, au cabinet, docteur je suis malade, mais je me porte bien, pour un gâteau, pour un verre, amis, nous comprenons-nous? je n'ose ouvrir la porte, une décennie devenue un jour, avons nous signé pour cela? Histoire séculaire, la colonisation des amnésies s'évertue à ne pas se faire oublier, elle se rappelle à nos mauvais souvenirs, qui pour certains n'ont sûrement jamais exister, conspiration obsédante, spirale des contre-raisons, je me suis levé ce matin, et je me demande si j'aimerai le faire dans quelques jours, dans quelques jours...

mercredi 18 avril 2012

Jugement

La sentence est lourde
Sans ombre ni éclat
Sévère et sourde
Quand elle tombe comme un glas
Un goût de vengeance au bord des lèvres
Du sang qui coule sur tes rêves
Des images qui s'envolent au gré du temps
Des envies des idées mais plus comme avant
Avant c'était l'espoir
Et puis l'envie d'y croire
Une force vive indescriptible
Une illusion presque risible
Tout n'est pas mort
Il y a ces rires et ces miroirs
Qui riment encore encore et encore
Et tu te racontes des histoires
Le juge est là impitoyable
Une omniscience sans issue
Une mémoire à peine croyable
Et un mouchoir par dessus
La sentence est lourde
Sévère et sourde
Sans ombre ni éclat
Dans l'éternité de tes pas

samedi 7 avril 2012

Inutilité


Supprimer cette lettre inutile
Qui ne rime à rien
Et surtout à personne
Supprimer cette envie de luxure
Et rester transparent 

Il est des morts qui n'osent pas 
Qui ne sortent pas de leur silence 
Pour écouter ce qui passe
Pour subtiliser quelques minutes 
Il est des morts inexplicables inexcusables

Si personne n'est dupe
Au fond personne n'est
Comme si pour vivre il fallait être sot
Être idiot incapable de lire
Et ramer à l'envers vers des fonds sans puits

Supprimer cette lettre inutile
Qui ne rime à rien
Comme un geste futile
Un incommensurable lien
Mais pourquoi être utile si c'est pour vivre loin

Pourquoi être utile aux chasseurs de trésors
Aux amoureux des chiffres
Qui  rient et qui s'empiffrent
Comme des ogres laids
Au rire sarcastique

Supprimer cette lettre inutile
Ne garder que l'idée
Que l'envie
Que

Et l'aimer

Auteur : Nairolf