jeudi 30 août 2012

chambre sans vue, sans vu

j'ai tellement le vertige
que je n'arrive pas à regarder les gens de haut
j'ai tellement la timidité
que je n'arrive pas à regarder les gens en face
j'ai tellement la paresse
que je n'arrive pas à regarder les gens travailler
j'ai tellement la naïveté
que je n'arrive pas à regarder les gens discourir
j'ai tellement l'étourderie
que j'en arrive à oublier de regarder les gens
j'ai tellement la légèreté
que je n'arrive pas à regarder les gens s’appesantir
j'ai tellement la futilité
que je n'arrive pas à regarder les gens s'aggraver
j'ai tellement et tant
que j'oublie les gens se précariser
j'ai tellement la mollesse
que je n'arrive pas à regarder les gens s'endurcir
j'ai tellement la facilité
que je n'arrive pas à regarder les gens se construire
j'ai tellement l'étourderie
que j'en arrive à oublier de regarder les gens
j'ai tellement d'envie
que j'oublie de regarder les gens avoir besoin
j'ai tellement d'argent
que j'oublie de regarder les gens
j'ai tellement de temps
que j'oublie de regarder les gens se presser
j'ai tellement d'hier
que j'oublierai de regarder les gens
j'ai tellement de croyances
que j'oublie les gens se faire prier
j'ai tellement de pouvoir
que j'oublie les gens, vouloir
j'ai tellement de café
que j'oublie les gens athées
j'ai tellement d'histoire
que j'oublie les gens se réaliser
j'ai tellement d'abstraction
que j'oublie les gens se concrétiser
j'ai tellement l'étourderie
que j'en arrive à oublier de regarder les gens
j'ai tellement d'encore
que j'oublie les gens et leur pas assez
j'ai tellement de solitude
que j'oublie les gens dans la foule
j'ai tellement d'amertume
que j'oublie les gens se sucrer
j'ai tellement d'ouverture
que j'oublie les gens s'emmurer
j'ai tellement de noir
que j'oublie les gens s'illuminer
j'ai tellement de renoir
que j'oublie les gens se peindre
j'ai tellement de folie
que j'oublie les gens se lier
j'ai tellement de mots
que j'oublie les gens muets
j'ai tellement d'unicité
que j'oublie les gens se muer

j'ai tellement à dire
que j'oublie d'écouter les gens
que je n'arrive pas à écouter les gens

j'ai tellement oublié
et je suis sur cette chaise
et je suis
oublié

samedi 18 août 2012

Bleu

Ivre de tes routes intérieures
Aspiré part tes envies d'autre chose
Tes raisons fusent
Ta Raison laisse faire
Et tu sombres chaque jour un peu plus
Dans ce maelström aux reflets bleutés

Tu croyais laisser aux autres la folie des ombres
Simple illusion
Tes ombres guident tes pas tes choix
Leur donnent cette profondeur
Que toi seul perçoit
Dans tes phases lucides

L'air inspiré tu chemines l'oeil rieur
Avec un air de malgré tout
Tout n'est pas noir disait l'autre
Certes mais
Tu n'aimes pas non plus le gris
Mais c'est vrai il y a aussi des bleus

L'âme tournée vers tes recoins sombres
L'analyse est tentante
Mais vouée à l'échec
Dangereuse
La créature gronde et te fixe de ses yeux perçants
Tu ne peux oublier l'intensité de son regard
A la fois tentateur et réprobateur
Alors tu fermes les yeux
Et tu ne vois plus que du
Bleu

Nairolf