samedi 15 octobre 2016

hier sans autrefois

chaque route se doivent d'être empruntées
je n'arrêtais pas de me rappeler
tes mots sur cette bouche, essoufflés
ta présence pressait le pas
passait le pas
vers l'un de ces chemins
trop sombre pour ne pas y tomber
je ne comprenais pas ce sentiment
au fond de mes yeux se brouillaient les images
et ton visage s'estompait
je ne me rappelle déjà plus de cet âge
où tu passais dans mes rêves
oubliant cette frêle réalité
et cette ombre qui te portait
comment cela est arrivée
pourquoi cela est arrivée
du haut de mon enfance
que pouvais-je y faire
de ces frêles épaules
ce dragon noir insidieux
irradiant de son souffle
jusqu'à éteindre la fenêtre de tes yeux
que pouvais-je y faire
quels auraient été les mots
si les miens avaient pu sortir
pour m'envoler un peu avec toi
quelques secondes éloigner ce fantôme
intangible absence
pour derrière cette porte
au creux de tes bras
m'allonger et penser aux érables
aux feuilles de l'automne
emportées
pour mieux revenir
et si seulement toi
et si seulement toi
chaque route se devaient d'être empruntées
vais-je enfin me pardonner
vais-je enfin me pardonner
quand toi tu le faisais déjà
la porte s'éloigne
pas à pas
j'avance un peu plus
un peu moins fatigué qu'autrefois
ta présence n'est plus mon absence
vais-je enfin me pardonner
vais-je t'oublier
alors que tu me guides
une dernière fois

samedi 8 octobre 2016

prendre la route

Le moteur est chaud depuis longtemps
j'ai emprunté la route tôt ce matin
l'émotion en moins
l'automne en laisse
je quitte ce paysage peint
à travers cette fenêtre qui m'a accompagné
les feuilles sont un peu plus rouges
je m'en lasse de m'en apercevoir
alors qu'enfant je n'y voyais que magie
des histoires à se faire peur

la route est un peu monotone
je ne fixe que les signes de l'horizon
les regards que je pourrais croiser
ne racontent rien
la pluie s'invite, cavernicole
le son s'ébruite sur ma carcasse métallique
à défaut de but à me construire
je me barricade dans cet oubli
j'ai depuis bien longtemps
tourner le dos aux heures qui comptent
qui fleuraient les souvenirs et le miel
à l'orée des rencontres et des albums
à remplir des couleurs et de certains sourires
qui ont pu m'amener jusqu'à septembre
et la douceur des secondes immortelles
quelques notes me ramènent à cela
j'esquisse une embardée sur ce goudron
avec ce qu'il me reste de sourire
de la radio s'échappe des sensations
je laisse derrière un avant et cette belle partition
où je gesticulais entre tes bras
avec cette idée où se reflétait
au sein de ton iris et la peau de ta robe
des lettres à envoyer et un goût à recevoir
je file
je file
je file
la route avale ces derniers moments
la pluie s'est arrêtée
autant que quiconque
à faire au mieux
je file au plus loin, maintenant.