lundi 20 février 2017

Le petit tas de cailloux

Ils forment un petit tas 

Tu les poses un par un

Sans trop savoir ce que ça va donner

Du moins pas toujours

Tu espères souvent qu'un nouveau caillou

Va changer la donne

Tu as envie de sculpter

Tu as envie que ce tas soit beau

Qu'il soit fort et courageux

Mais c'est juste un nouveau caillou

Tu t'en rends compte maintenant

Tu ne peux changer celui

Qui ne veut pas changer

Qui ne veut pas vraiment

Les cailloux que tu déposes

Laissent des traces

C'est certain

On dirait même qu'il change peu à peu de forme 

Ce petit tas de cailloux

Mais tu as souvent été déçue 

Un caillou qui retombe

Un qui blesse 

Un qui ne projette pas l'ombre que tu attendais 

Tu continues néanmoins

À déposer tes cailloux choisis

Des beaux cailloux

Des cailloux simples

Avec ou sans espoir

Juste parce que tu sais 

Que ce petit tas de cailloux

Toi seule peut le construire

Ou le détruire

Tu as sur ce petit tas de cailloux

Un pouvoir unique

Un don incroyable

Celui de le regarder grandir

Tomber

Se transformer

Et mourir un jour peut être

Mais pour l'instant tu les poses un à un

Ces petits cailloux

Ils forment un petit tas


Auteur : Nairolf


mardi 14 février 2017

Ma très chère F.

Habillée de ta fragilité
tu évites mon regard 
tu t'en veux, tu passes
à la dérobée, tu glisses dans la pénombre
sombres, dans tes heures-ombres
tu ne supportes plus la redite de ton Histoire
songes à tous ces signes singes
où la foule s'indigne et gesticule
sans fards, tu quittes le soir tard
le soleil de tes routes et tes marchés
le printemps des rencontres bien amoché
amarré par cet ancre qui en fait couler tant
des paroles que l'on boit jusqu'à l’hallali
des paroles que l'on lit, anesthésiantes, l'oubli
emplit l'air, emplit l'air, l'eau, le ciel et la terre
que l'on foule, comme des agneaux sourds, amaigris
alors oui
habillée de ta fragilité
tu évites mon regard
tu en souffres, tu le subis
et quand bien même tu en fais ta vie, rance
ton goût et ton miel s'est tarit
mon pays
ma France