vendredi 17 mars 2017

Être d'eux

On était jeune
elle était rayonnante
j'étais posé sur son épaule
c'était comme ça
aucun destin ne pouvait l'entraver
aucun verbe, aucun mot, aucune sentence
tout résonnait, tout me raisonnait
même la passion de nos inconstances
on était jeune
tu étais belle
j'étais déjà moi
le soleil filait à l'horizon
et malgré les couleurs qui empourpraient tes pommettes
et embrasaient le ciel
j'ai su
nous étions jeunes
deux sels
près de cette plaine iodée et cristalline
deux seuls en scène
deux maestros de nos défaillances sentimentales
le cadre était là, la musique marine emplissait ce monde
les oiseaux de passage s'arrêtaient, un instant de jalousie
dans leur vocalise chantée, passionnée
pour être amoureux
il faut être deux
pauvres êtres, pour être d'eux
il aurait fallu une histoire
nous étions jeunes
mais nous n'étions que cela.



mercredi 15 mars 2017

J'ai vu la lueur des sémaphores
Je me suis alors laissé faire
Je me suis lassé des autres, dehors
J'ai alors attendu puis entendu cet air
J'ai suivi ton ombre et le reste de ton corps
Je m'en souviens, dehors c'était l'hiver
J'ai compris l'intimité de ton décor
Je m'en suis réchauffé, au risque de m'y plaire
J'ai compris soudain ton chemin d'or
Je l'ai fait mien, accepté sa poussière
Tu m'as jeté ton regard, ton étrange sort
Tu m'as troublé, je me suis Lucifer
Tu t'es accaparé de mon âme et du reste de mon corps
Tu m'as lové jusqu'à notre prochaine ère
Cette histoire nous a dicté jusqu'alors
Pulser nos émotions, comme un mantra, une prière

jeudi 9 mars 2017

Pourquoi

pourquoi quand je sens arriver le moment
le sol se dérobe sous mes pieds
pourquoi quand je vois ton visage s'illuminer
la porte se claque comme un coup de vent
pourquoi quand je pense ma route tracée
je m'embourbe dans ce vaste océan
pourquoi quand je crois au signe des temps
je perds tout, ne sens que fatalité et futilité
pourquoi quand, ce miroir je me reflète devant
je préfère me détourner que le voir se fissurer
pourquoi je ne suis pas le plus beau
juste une fois, juste cette fois
pourquoi quand je croque cette pomme
je ne ressens même plus ce sang
ce poison qui coule et forme mon rang
dans ma tête et mon cœur gambergeant
pourquoi je ne sais plus me révolter
pourquoi je ne sais plus me souvenir
pourquoi je ne sais plus me soutenir
pourquoi je ne sais plus me résoudre
pourquoi, et bien plus encore
je fonce, par ce poids écraser
m'enfonce dans ce marasme sans porte enfoncée
pourquoi les fenêtres sont-elles ouvertes
et que tout devient floues quand je m'y jette
pourquoi ce ciel ci bleu restera terne et émietté
comme chacun de mes sons, de mes notes
et ces putains de rêves dans lesquels je m'étais projetés
pourquoi cette trouille
pourquoi dans ce ventre cette boule
cette bile, noire, sombre, sinistre
pourquoi je n'entends plus ces réponses
pourquoi je n'écoute que mes questionnements
stupides monstres crépusculaires
Chthulu rongeant mes dernières forces
à bout je rampe dans ces ronces, écorchés
je saigne mais ne vois rien couler
oeil, dents, je me consume totalement
pourquoi je n'avance que dans cette merde
alors mon passé et mon présent s'emmerde
alors que la route est clean, le futur propre
sans destin, sans hasard, je reste dans cette grotte
emmuré par des images, des peurs, des fautes
pourquoi je me sens seul parmi les autres
pourquoi je me sens sale parmi les autres
pourquoi ces mots guident ces lignes
pourquoi je les relirai, toutes ces mines
explose dans mon âme jusqu'aux os
pourquoi tant de conneries, tant d'idéaux
pourquoi crever sans apprendre à vivre
pourquoi tenter de partir aussi mal que de vivre
pourquoi
pourquoi
pourquoi ces possibilités, ces "ils"
alors que dans ce jeu, le "je" est cassé
pourquoi je ne lève plus la tête
pourquoi je ne lave plus mon âme
pourquoi je m'inflige ces mirages de drames
pourquoi ces drôles de dame se figurent
pourquoi je ne me sens pas propre
pourquoi j'hurle, j'enrage, je cris
pourquoi je me mure, je surnage, je subis
pourquoi ma raison ne se met pas en colère
pourquoi je n'écoute que ces paroles en l'air
pourquoi ce train fantôme, ce trône de l'enfer
pourquoi je ne vois pas ces endroits, que les revers
pourquoi je m’assassine
pourquoi je me vois allongé dans cette ruelle
pourquoi cette tombe à fleurir
pourquoi je cris seul, dans ma nuit
pourquoi cette lune blanche, ce jugement obscurcit
pourquoi je ne file même plus droit
pourquoi je me ramasse sur ces pavés
pourquoi je m'ennuis et mes heurts 
pourquoi je m'ennuis et mes heurts 
pourquoi je m'ennuis et mes heurts 
reviennent sans cesse, marées et marasmes
lancinants, rien ne passe, rien ne pousse
aucunes germes, aucuns éclats, aucune lumière
pourquoi cette journée suit la précédente
pourquoi ces mêmes maux, ces mêmes gestes
pourquoi les heures passent, l'esprit reste
pourquoi plus que je marche, je crève
pourquoi et bien plus encore
pourquoi se poser autant de questions
pourquoi autant de pourquoi
pourquoi écrire, autant se recoucher
pourquoi regarder cette fenêtre
pourquoi pas la refermer
la refermer.