lundi 24 décembre 2018

Décalage

Ailleurs
Pourtant je suis bien là
Mais l’ailleurs m’appelle
Une lancinante envie d’être ailleurs
Telle une rime orpheline aux accents inquiétants 
Que faire de cet appel
Que faire de cette vie-là 

Avant
J’aurais ri j’aurais sauté de mille joies 
Aujourd’hui je contiens
J’existe à demi 
Je vis entre les lignes
L’esprit tourné vers d’autres rires 
L’âme encombrée de virgules

Demain
J’irai déchiffrer ces drôles de signes 
Ces hiéroglyphes de vie
Je ne laisserai pas cet ailleurs m’éteindre
J’ignorerai ces cris absurdes
Pour mieux retrouver ce qui vit ce qui est 
Pour mieux être ici et maintenant 


Nairolf

vendredi 7 décembre 2018

The Void

Vidé
de toute substance
laconique
mes nuits ne sont plus transes
arraché du sol
la lumière de la lune m'effraie

tout était pourtant si suave
le fleuve en était témoin
les phares m'aveuglent
aucune porte ne vaut mieux qu'une autre
pourquoi attendre de ses vies
autrement que ce qu'elles ne contiennent
je marche à côté de toi
ta présence est déjà bien loin
j'entends encore de la commissure de tes lèvres
s'arracher ces sourires assourdissants
les pneus crissent en meute
et m'apeurent tout autant
combien de fois je suis tombé
je ne m'en rappelle plus
j'en souris
m'en suis-je déjà relevé?
mes genoux sont bien bravaches
avec ce sol souffreteux
j'entends s'éloigner les songes moqueurs
croassant leurs images effroyables
le temps défile sur ma peau
sans tabou, sans âge
tout s'arrache à l'unisson
comme un seul cors
j'ai beau le savoir
le mal est là
cela m'effraie, aussi
parfois
et la rue continue de dégueuler
la fièvre des gens qui s'aiment
je pars, je reste, quel antre?
reflux œsophagien
couloir immense, immonde
la bête est là et m(ignore
tous, vont et viennent
reflux de priorité
vers ses bonheurs éphémères
ceux là, le plus
m'apeurent
j'ajuste mon estime,
oripeau
costume sécant
j'hurle à mon derme
mon honneur d'autrefois


la lumière de la lune m'effraie
arraché au sol
mes nuits ne sont plus transes
laconique
de toute substance
...je suis vidé

vendredi 26 octobre 2018

plume et souffle

et de prendre la plume
à la faible lueur qu'il me reste
qu'il te reste
j'envoie valser
toxique
mes derniers mots
mes dernières notes
fragiles, absurdes
je vais jeter mon dernier souffle
au creux de ton oreille
et te rappeler mon nom
et te rappeler mon nom
absurde
je vais cracher mes derniers regards
comme ça, dans ce soir
tu as trop
trop perdu
tu as trop perdu le goût de l'autre
et moi celui de l'être
trop bu
chaque jour je me lève
j'évite la glace
j'évite de te croiser
de trop dire
de trop en dire
chaque fois
et de prendre la plume
à la faible lueur qu'il me reste
toxique
ne reste que des miettes
de ton carnet
images, histoires
coin de cheminée
à l'orée
alors
j'aimerai crier
tous vos soutiens
toutes ces épaules,
ces os
m'assaillent
toutes ces nuits
toutes ces lumières
si blanches
m'assaillent
toutes ces rues
où je courre
que je foule,
la foule me piétine
m’assaillent
toxique,
trop
absurde
reste-t-il quelque chose en toi
en moi?
les notes s'égrainent
je les entends
le temps m'épuise
il me rattrape
les cœurs s'agitent
ils m'effraient
je ne sais les retenir
je ne sais me contenir
j'aimerais partir
j'aimerais rester
loin
très loin
où l'horizon ne fait que ployer
et de prendre la plume
à la lueur qu'il te reste
je tremble
le soleil zénithal
n'y apporte rien
je te parle à froid
fumerolles cristallines
tu n'entends plus
la porte se ferme, se ferme, se ferme, se
excusez moi pour le retard
excusez moi pour ma sauvagerie
excusez moi pour ce vide
excusez moi pour ma couardise
il aurait été si bon
de vous accepter
si bon
absurde
toxique
à la lueur qui s'estompe
et la plume envolée

samedi 22 septembre 2018

l'atour

Courtisée par les rois
et les vallées
qui aiment tant de voir déambuler
et rire sous ton voile de soie
obscure par la clarté de tes nuits
tu avances, tu avances
tu t'enfuies
pour quel crime? quand tu danses
happée par la tendresse des besoins
tu mords à pleine dents
pour quels cris est-ce que tu geins?
c'est si simple, ici et maintenant
mutique par la présence de ton absence
leste, quel geste si lointain
t'autorises-tu, quelles danses?
je disparais, si peu, ce n'est rien
agacée par la folie des sages
tu comptes, à revers, à rebours
et moi, cela nous fait quels âges?
ta robe, ta tour, si belle, l'atour

dimanche 26 août 2018

Un peu, si peu

un peu éloigné
un peu agar agar
un peu gélatineux
un peu filandreux
un peu tout ça
un peu trop de cela
un peu en sursis
un peu soucieux
un peu conscrit
un peu soumis
un peu tout ça
un peu trop, sûrement, de cela
je suis, je sais
un peu trop, je sais
je saisis, je le sais
je le sens, le vis,
je vais
je te suis, je sais
j'étais, l'été
j'étayais, mes propos,
si forts, si frais
si proche, j'étais
appeau, ton lait
dans la peau, je t'ai
un peu de nous deux
un peu dénoué
un peu de nos faits
un peu amoureux
un peu tout ça
si peu de cela
un pas de un, de deux
un par un, deux fois mieux
un chiffre, calcul bien pensé
un corps, ou deux, noueux
un peu tout ça
si peu, sûrement, de tout cela
je suis, je sais
un peu trop, je sais
je saisis, je le sais
je le sens, le vis,
je vais
je te suis, je sais
je suis, tu es celle
je décèle ce qui suit
scelle cette nuit
toi, celle qui cette nuit
tu ficelles, les unis
moi c'est lui. Je luis.

lundi 6 août 2018

Soudain

Soudain, sous moi
un orage
l'impétuosité de l'instant
sous toi, sur ton sein
souterrain, sous tes mains
mes sens s'éfillent
s'affolent, l'évidence
sous mes mains, sous tes reins
souverain, s'érige le sens
tout encore, la connivence
sans faute, sans feinte
tu t'ériges en corps, ma souveraine.

lundi 2 avril 2018

ces matins...

ce matin, intranquille
ces matins intranquilles
ces ombres m'attirent
ces ombres m'attirent
attiser par ces feux artificiels
attirer par ces Célestes, mirages
je croise mes erreurs dans ces couloirs hallucinés
je toise mon regard, je n'ose me confronter
ces ombres m'attirent
ces ombres m'attirent
je ne cesse de m'affoler sur ces murs
je me dévêtis, peau après peau,
arrachant mon âme, interstice fantasmée
avalant mon espace et mes heures
sur cette terre qui m'envahit
jusqu'à m'ensevelir
ces ombres m'attirent
ces ombres m'attirent
ces matins intranquilles
ces matins intranquilles
ces matins intranquilles...