samedi 23 octobre 2010

Chapitre 4

Tristan serre fort les rennes de son cheval; regarde au loin, aussi loin qu'il le peut, aussi loin qu'on ne lui a jamais permis.


pendant les chasses à cours, d'aucun ne regardait la faune chassée et pourchassée; apeurée par ces humains, incompris par ces mammifères au regard cynique et à l'allure hautaine; il cherchait le soutient de son demi-frère, Yvain; en vain; ce dernier restait en retrait; comme toujours; Au regard cherché, un écho d'impuissance et de tristesse en retour; comme toujours.

Tristan regardait le cerf, fier; le rapace; libre. Il se sentait eux mais ne pouvait se résoudre à ce destin; de chassé il deviendrait le chasseur, le traqueur, la peur.


une larme


Tristan avait pris sa décision. Il suivrait son père; il fuirait sa mère; ils vivraient en révolté pour lui plaire; mais lui vivait en écorché; il ne cherchait pas à reprendre le trône, convoitise humaine; il prônait la fin de toute inhumanité humaine; pour cela il devait annihiler toute vie humaine.

Il se savait incompris dans sa tâche; en cela il ne voulait plus d'attache; sa mère devait apprendre à l'oublier, les personnes, même les plus nobles à le haïr; il ne croyait plus en l'Homme, contrairement à Yvain, stupide rêveur au projet fou.


une autre larme


Il devait s'endurcir; sa mission passait par là; le sang ne devait être qu'une larme coulant sur son armure; armure de vie; armure protectrice; la mort devait être son compagnon, la rumeur son fidèle destrier; chevauchant de villes en plaines, de villages en océan; un nom; et en détruire un autre, le premier; son père

Des années pour cela; mensonges à son père, mensonges aux dieux; sa vie devait se résumer à être l'arme; une ombre au service du néant; Tristan s'en convainquait; Tristan s'en convainquit.


mensonge à lui-même


Personne; durant la bataille, tout se mélangeait; corps, armes; sang; cris; peurs: personne; il n'en tua aucun jusqu'à son premier; il n'en tua aucun jusqu'à son objectif; objectif qui bataillait à annihiler; personne

Garde de son père; garde de son corps; ouverture; aucun témoin; précis et froid; faucon au geste précis; loup au regard acéré; être des bois, être aux abois; arbre enraciné dans un terreau de haine, lame enracinée dans un corps de haine;


me mens-je?


Seul son sang comprit; Seul son père comprit; enfin le crut-il; il pensait son fils suffisamment fort pour le remplacer au moment opportun; il sourit; seul Tristan savait ce premier pas, l'annonciateur des autres; sa course; son chemin; sa croisade; il sourit.

Son père chut ; Tristan cria ; cria le reste de son humanité ; cria le reste de son amour pour son père, ses proches, ces humains; Tristan cria pour se libérer de tout cette charge; il leva les yeux, prit les mords de son cheval; monta en selle; méthodiquement, glacialement.


un torrent de larme, pourquoi?


Tristan serre fort les rennes de son cheval; regarde au loin, aussi loin qu'il le peut, son demi-frère entre lui et son chemin; il sera le deuxième.

lundi 18 octobre 2010

Medic'amant

Je crois que c’était un matin jaune.
Un de ces matins un peu aphone,
On se lève et la vie a un gout amer.Je regarde mon coloc de lit d’hiver,
Cela fait des mois que tout est divers.
Je me mets à penser que ce devait être éphémère,
Me lève ce jour où la vie n’est plus un rêve.
Le genre de jour où une parenthèse se soulève.
Un soir où la désinhibition a laissé parlé mon cœur,
J’ai cru pouvoir partager un nouveau bonheur,
Avec l’autre, enfin, celui dont je crois que je rêvais.
Celui qui pour moi, patiemment, attendait.
J’ai alors commencé un jeu d’équilibriste en hors piste.
Et sans compter que l’homme du placard est souvent triste,
Je me suis vu vivre sans conscience et sans regret,
Des jours durant, sans voir le mal que l’espoir lui faisait.
Cet homme là fait vibrer lorsque l’autre sait m’oublier.
Il a une vie neutre et écoute pour panser.
Ce qu’il sait mais ne veut croire est que l’équilibre sur le fil est fragile.
Etre sur les deux fronts sans en avoir l’air n’est pas si facile.
>On est humain et lorsque tout se complique
Que la schizophrénie n’est pas la règle que l’on applique
On reprend ses charentaises et on retrouve son refuge
C’est ainsi qu’une relation glisse telle une luge.
Rencontres éclairs et pensées en poudre d’étoiles
Pour insuffler un peu de vent dans mes voiles.
Ce fut fatalement court et plutôt prévisible
Mais pour une vie aussi courte qu’imprévisible,
Laisser le bénéfice du doute pour la résistance d’un fil,
C’est se laisser une nouvelle chance avant que la vie ne défile.
Alors finalement, porte de placard ou parenthèse,… on les referme.
Passent le temps, les jours, les semaines et les mois,
On reprend sa vie et on oublie en quelques émois
Les maux, les médocs et les patients que sont les amants.

Auteur : Ptit Manu