lundi 26 juillet 2010

La paille et le chêne

Un simple et frêle fétu, quelques brins assemblés,
Sous quelques bûches d'un chêne à l'écorce si dure.
Une étincelle entre eux enflamme la paille,
qui tout entière produit une flamme si vive qu'on la croirait éternelle.
La peau rugueuse des bûches résiste,
la flamme ne fait que la caresser.
Quelque temps après, elle réussit enfin,
pénétrant couche après couche le cœur même du bois.
Crépitant, sifflant, pétaradant, le chêne unit sa flamme à celle de la paille
dans des couleurs et une chaleur que leur union sublime.

Mais le brasier du chêne est rapidement sans mesure.
Tour à tour ronflant ou tonitruant,
Le souffle de ses propres flammes secouant l'air autour de lui,
Chaque crépitement soufflant sur la paille.
Mais ce qui anime le feu sur nos bûches trapues,
Finit par éteindre la paille toute consumée.
La flamme y est morte comme elle y a vécu,
Sans un bruit.
Seules les braises du chêne rappellent encore la flamme originelle.

Un brin de paille parfois, voletant, vient se poser,
Sur ce qui fut il y a peu de temps encore le brasier.
Des braises surgit alors une flammèche lumineuse
Laissant penser que l'union des deux feux en renaît.
Mais de paille il n'y a plus. A part en souvenir.
Les braises n'ont d'autre choix que faiblir et mourir.

Il est des amours qui, comme la paille, s'enflamment vivement,
Qui d'une étincelle font jaillir une joie éblouissante et claire,
Embrasant le bois qu'on ne pensait jamais voir se réchauffer.
Et qui, sans un bruit, dans un souffle, s'éteignent.
Laissant le chêne autrefois si solide se racornir et s'émietter
doucement, lentement, longuement. Inexorablement.
Avant que les braises, rougeoyantes encore,
ne puissent mourir dans un dernier crépitement,
Ne laissant que suie noire et froide au foyer.


Auteur : Jules

3 commentaires:

Cmoimanu a dit…

Il se dit que l'amour ne dure que 3 ans dans un couple amoureux... après les vibrations changeraient de fréquences pour continuer différenmment ou simplement s'arrêter.

La flamme de l'amour a donc ça de plus que la flamme du brasier, elle peut s'auto recycler et s'adapter là ou le feu meurt, "ne laissant que suie noire et froide au foyer".

Merci à toi Jules pour ces mots enchanteurs.

Nairolf a dit…

Belle fable à la morale noire comme la suie.
Mais pleine d'espoir également.
Le feu peut reprendre rapidement dès qu'un nouveau brin de paille titille la braise.
L'important est de garder cette braise au cœur, toujours chaude...

ti manu a dit…

Belle interpretation.
un brin de paille qui fait rougir les plus grosses buches jusqu'à les consumer.
c'est tellement vrai.