mardi 10 janvier 2017

Hôtel à Doucet

Dans cet hôtel à Doucet
te rappelles-tu ma douce
nous étions adossés à cette falaise
en face à face
l'océan facile nous narguait de sa force
mais nous étions fous et nous nous gaussions
comme des gosses, des mômes devant ce colosse
calés à ce mur aux pieds d'argiles
nous agitions nos idéaux agiles,
la géographie de cette côte
à la géographie de nos corps
nous parcourions sans faute
des territoires jusqu'alors inconnus
l'accord était tacite et silencieux
un regard, un geste, une voix
un murmure, un remous, un embrun
un parfum qui enivrait mes sens
à dessein je perdais mes dernières défenses
défais par ce sentiment orageux
je m'épuisais à m'épuiser
au bonheur des oiseaux de passage
qui épiaient toute sorte de présage
Dans cet hôtel à Doucet
te rappelles-tu Adèle
à demi-mot tu m'acceptais
sur ce chemin, tu t'absentais
te perdais à corps et à cris
blottie, effeuillée, un peu crispée
ardemment tu vivais ce moment
derrière ce buisson, au cœur du cyclone
les étoiles et les planètes étaient bien peu de choses
adossés à la falaise
face à face, bras à bras
l'océan même nous jalousait
pour un instant, pour un instant seulement
mais, en son sein il se ment
il le sait, je le capte, je le ceins
l'éternité de cet instant
ancré dans nos mémoires et notre chair
te rappelles-tu ma chair?
comme je me rappelle de la tienne, ma chère
nous étions des amis
nous sommes devenus des amants
depuis le temps s'est retrouvé
et je suis resté tout à fait perdu
éperdu, ahuri
adossé à cette falaise,
en contre-bas de cet hôtel
à Doucet
je suis car tu m'es devenu...


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