vendredi 27 janvier 2017

Bristol

Elle habitait les bas quartiers
Bristol
traversée par ces fumées
ces corolles
d'alcool
elle semblait s'en accommoder
ce paysage la rendait
folle
de cette vie un peu déglinguée
sauvage, frivole
Elle habitait les bas quartiers
Bristol

mardi 24 janvier 2017

La montre, aussi

j'aime ta montre
et ce bras qui la porte
je suis loin d'ici tu sais
loin d'ici
mais j'entends les aiguilles qui trottent
dans ma tête, un peu ailleurs aussi
et ce bras qui les portent
le soleil se couche, il fait soir ici
le matin sera lumineux demain
le temps avance, les heures défilent
je m'en délecte, souvent du reste aussi
et ce bras qui les porte
je regarde le cadran
je regarde cette table de nuit, un peu vide
je regarde ce cadre qui l'emplit
je regarde cette photo, ce visage et le reste aussi
et cette montre
et ce bras qui la porte

lundi 16 janvier 2017

Le corbeau

J'étais bien peu de choses
dans nos discussions d'avant
un rien je dois dire m'alarmait
des lectures maudites de Mallarmé
où je me reconnaissais parfois
à présent je le souffle à demi-maux
c'était futile, tous ces mots
que je me disais devant cette glace
quand j'arpentais cette place
tremblant un peu, dans ton attente
un peu derrière toi, ta vie devant moi
je ne reconnais plus ces quotidiens
je ne rentre plus dans ces échoppes
je n'entends plus tous ces gens
je t'attends
une brise marine, je sursaute
de ces divagations je ne retiens que peu de choses
un poème de Mallarmé
une larme à peine refoulée
tu fendais la foule
j'en étais retourné
j'étais bien peu, surtout morose
accroché à des choses, des futilités
et puis l'instant d'après
à l'orée de ton oreille
je soufflais ces mots là
"c'était ici, c'était là
désormais
Le corbeau peut s'envoler
moi je reste avec toi"

hors piste

Le temps est vain
tout vent debout
le temps s'enfuit
le temps s'en fout
plus rien ne trotte
plus rien ne bouge
celles des villes
celles des gens
les aiguilles, sans crier gare
ont perdu le sens du temps
j'ai dix ans, j'ai cent ans
qu'importe, je suis vivant

sons et douceurs

Je presse le pas
Je passe la porte
J'emporte tes bas
Tes bras m'emportent
Je t'embrasse tout bas

mardi 10 janvier 2017

Hôtel à Doucet

Dans cet hôtel à Doucet
te rappelles-tu ma douce
nous étions adossés à cette falaise
en face à face
l'océan facile nous narguait de sa force
mais nous étions fous et nous nous gaussions
comme des gosses, des mômes devant ce colosse
calés à ce mur aux pieds d'argiles
nous agitions nos idéaux agiles,
la géographie de cette côte
à la géographie de nos corps
nous parcourions sans faute
des territoires jusqu'alors inconnus
l'accord était tacite et silencieux
un regard, un geste, une voix
un murmure, un remous, un embrun
un parfum qui enivrait mes sens
à dessein je perdais mes dernières défenses
défais par ce sentiment orageux
je m'épuisais à m'épuiser
au bonheur des oiseaux de passage
qui épiaient toute sorte de présage
Dans cet hôtel à Doucet
te rappelles-tu Adèle
à demi-mot tu m'acceptais
sur ce chemin, tu t'absentais
te perdais à corps et à cris
blottie, effeuillée, un peu crispée
ardemment tu vivais ce moment
derrière ce buisson, au cœur du cyclone
les étoiles et les planètes étaient bien peu de choses
adossés à la falaise
face à face, bras à bras
l'océan même nous jalousait
pour un instant, pour un instant seulement
mais, en son sein il se ment
il le sait, je le capte, je le ceins
l'éternité de cet instant
ancré dans nos mémoires et notre chair
te rappelles-tu ma chair?
comme je me rappelle de la tienne, ma chère
nous étions des amis
nous sommes devenus des amants
depuis le temps s'est retrouvé
et je suis resté tout à fait perdu
éperdu, ahuri
adossé à cette falaise,
en contre-bas de cet hôtel
à Doucet
je suis car tu m'es devenu...