samedi 8 octobre 2016

prendre la route

Le moteur est chaud depuis longtemps
j'ai emprunté la route tôt ce matin
l'émotion en moins
l'automne en laisse
je quitte ce paysage peint
à travers cette fenêtre qui m'a accompagné
les feuilles sont un peu plus rouges
je m'en lasse de m'en apercevoir
alors qu'enfant je n'y voyais que magie
des histoires à se faire peur

la route est un peu monotone
je ne fixe que les signes de l'horizon
les regards que je pourrais croiser
ne racontent rien
la pluie s'invite, cavernicole
le son s'ébruite sur ma carcasse métallique
à défaut de but à me construire
je me barricade dans cet oubli
j'ai depuis bien longtemps
tourner le dos aux heures qui comptent
qui fleuraient les souvenirs et le miel
à l'orée des rencontres et des albums
à remplir des couleurs et de certains sourires
qui ont pu m'amener jusqu'à septembre
et la douceur des secondes immortelles
quelques notes me ramènent à cela
j'esquisse une embardée sur ce goudron
avec ce qu'il me reste de sourire
de la radio s'échappe des sensations
je laisse derrière un avant et cette belle partition
où je gesticulais entre tes bras
avec cette idée où se reflétait
au sein de ton iris et la peau de ta robe
des lettres à envoyer et un goût à recevoir
je file
je file
je file
la route avale ces derniers moments
la pluie s'est arrêtée
autant que quiconque
à faire au mieux
je file au plus loin, maintenant.

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